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[L.C]
16 août 2012

Evènement C - Retrouvailles - 21 Mai 2011

Je me sens seul, en ce moment.
L’impression obsédante de me sentir inutile et malaimé. Je retombe dans mes travers.


Pour la première fois, j’ai peur du contact des gens, j’ai peur de décevoir, de me faire repousser, d’être un rejeté.
Je me rends compte que personne ne me comprend, mais vraiment personne. Avec Ludy, encore, on peut débattre, échanger sur ce qu’on pense, mais on reste finalement vagues sur ce qui nous tire vers le bas.


Qu’est ce qui ne va pas ? Ferais-je une fausse dépression ? Ou suis-je vraiment malheureux, dans ce coin de campagne pourri, où finalement tout le monde est un peu pareil ? Chaque odeur est sans saveur, chaque image me paraît monochrome, tout est trop uniforme pour que j’apprécie la vie, telle qu’elle est.
Je dois bouger, je dois changer quelque chose.

Comme un vrai coup de tête, je décide de voir mon père. Je sonne chez lui. Je suis étonnement décontracté. Pour une fois, je suis en position de force, ce n’est pas moi qui ai tort.

C’est encore l’autre moche qui m’ouvre. Elle ne me reconnait même pas. Il faut avouer que je la reconnais par son incroyable laideur, qui a empiré avec l’âge !
Je suis bien accueilli. Mon père me voit, il se trouve étonné de me voir là.


Eh oui, j’ai grandi, j’ai muri, je parle beaucoup plus, beaucoup mieux, j’ai eu le temps de réfléchir. Je suis peut-être bien un « homme », maintenant. Mais ça, tu aurais dû y penser quand tu as fait partie de ceux qui ont niqué ma jeunesse.


Il a une énorme gêne, il a surement honte. Ma venue doit lui rappeler un passé douloureux, dont il n’est pas fier. Mais oui, je suis son fils, il va bien falloir qu’il l’accepte. Il faut dire qu’il ne s’est pas violemment bougé le cul pendant tout ce temps.


Il faut le dire, c’est un bon accueil. Ils me disent qu’ils étaient « persuadés que je reviendrai de moi-même ». Oui, je pensais pareil d’eux. Au final, comme souvent dans ma vie, c’est moi qui a cédé.


Paradoxalement, je n’aime vraiment pas être là-bas. Comme avant, il n’y a rien à y faire. Ils ont des goûts radicalement opposés aux miens. Ils aiment les voitures, la randonnée, la nature, le vélo, tout ce que je hais particulièrement.


Je ne me rends même pas compte, qu’ils font partie de ma famille. On n’a finalement rien en commun. Ils vivent totalement différemment de moi.
Tom a maintenant 12 ans. Il a vraiment changé. Il est bien le premier blond de ma famille, déjà. Il est l’opposé de moi. Il est peut-être celui que j’aurai aimé être, parce que j’aurai été plus heureux. Il est sportif, c’est déjà un vrai champion.


J’ai toujours voulu faire du sport, sans jamais avoir pu en faire vraiment. Ça me rappelle à quel point ma vie est pourrie et emmerdante.
Ça ne sert finalement à rien de lui dire ma sexualité. Il se foutait de savoir comment je vivais, pendant des années, je ne vais pas lui dire avec qui je baise.
Je me rends compte que ma venue n’a rien apporté, rien changé.

Je peux juste demander confirmation à mon père, sur tous les défauts de ma mère.
Ils ont l’air de tenir à moi. C’est salaud, mais moi pas vraiment. Tout le monde me disait : « Tu seras heureux de retrouver celui t’a fait. C’est ton père, c’est tes racines. »


Là aussi, c’est des conneries. Ce sont des gens inintéressant, même s’ils sont aimables et veulent mieux me connaître. Je pense d’ailleurs qu’il ne le faut pas.


Je resterai toujours évasif sur ma vie privée. D’ailleurs, ils sont tellement timides qu’ils n’oseront jamais me poser des questions. Tout l’opposé de ma mère.


J’en ai marre. Aleks me manque, c’est le seul qui me rend heureux.

Il ne me parle plus, on s’est « supprimés » de nos vies. J’ai le cœur meurtri. Comme si l’on voulait absolument me rendre triste, comme si le goût d’inachevé hantait mon existence. Comme si la vie ne voulait vraiment pas de moi.


J’aimerai bien savoir ce qui me force tant à vivre dans la peine. Qu’est ce qui, quand tout peut aller bien, tire forcément l’humain vers le bas ? Est-ce que j’ai vraiment tout bien fait ? Visiblement, non.
Tous mes acquis s’écrasent au sol, et tout recommence.

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[L.C]
  • Voici ma première autobiographie. Je veux montrer qu'il n'est pas nécessaire d'avoir la cinquantaine, ou d'avoir fait la guerre, pour avoir du recul, sur son existence. L'important est de commencer, par le commencement.
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