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[L.C]

26 janvier 2013

XV. & Evènement final - Débriefing

26 Janvier 2013.

Deux ans et demi ont passé.

J’ai pris mon appart’, et c’est fou ce que l’indépendance change une personne.

J’ai connu des moments extraordinaires et terribles à la fois. J’ai toujours cru qu’il fallait avoir connu des moments uniques dans une vie, pour avoir ce besoin de réflexion et de rétrospection. A l’approche de mes 19 ans, je ne regrette plus rien, parce que j’ai appris à prendre chaque évènement de ma vie avec un recul qui me rend aujourd’hui différent. Chacune de mes rencontres a été porteuse d’un message, d’une idée, de quelque chose de révélateur en moi.

Je suis un vrai sale type, bourré de défauts, et en même temps, je me suis rendu compte de ce que je pouvais apporter dans ce monde. J’ai conscience aujourd’hui que chaque vie est bénéfique aux autres, chacun de nous peut tirer l’autre vers le haut.

Il suffit d’abord d’en avoir envie, et d’en faire l’effort.

Peu importe la couleur de peau, la sexualité, les idées, le mode de vie, l’apparence, le caractère, le handicap, on peut aimer tout le monde. Que le monde serait meilleur si chacun prenait le temps de regarder autour de soi …

Je n’ai pas trouvé l’amour depuis. Et même si nos pulsions ne cessent continuellement de nous obliger à trouver un partenaire, je reste dans ma quête de trouver LE partenaire, celui qui n’a rien de parfait, mais qui prendrait le temps de comprendre les incroyables chapitres de ma jeune vie.

On cherche finalement tous à trouver cette personne qui saura refaire pas à pas, jours après jours, le récit de notre vie, et expliquer notre comportement et à l’améliorer. Mais en cherchant moins loin, on remarque que si l’amour idéal n’existe pas, c’est parce que le pouvoir de l’amitié est si fort, si intense, qu’elle remplit à elle seule tous ces manques.

Après tout ce temps, j'ai enfin compris qui sont vraiment ceux qui ne me laisseront jamais tomber, et après des mois de questions sans réponses, à croire que seul la solitude m'attendait au bout, j'ai compris que ceux qui me protègent ne sont pas forcément ceux qui sont le plus près de moi.

A ces personnes qui me protègent en silence quand j'ai vraiment de gros problèmes dans ma vie, ceux qui me soutiendront dans mes choix, ceux qui se tairont pour me laisser vivre ma vie, ceux qui me font aimer la vie, je les remercie du fond du cœur.

Ce soir, je ne suis pas qu'heureux, je suis soulagé. Car j’ai beaucoup pris sur moi ces derniers temps, j’ai vu ce que je pouvais améliorer seul, et ce que je ne pouvais pas faire seul. Sans tous ces soutiens dans ma vie, je ne serai jamais l’Homme que je suis devenu. Je suis pour la première fois de ma vie, fier de moi.

Deux ans et demi ont passé, et beaucoup de choses ont changé. Les fréquentations, celles qui nous manquent toujours au fond de notre cœur, et celles qui ne nous manquent plus. J’avais souvent l’impression de faire partie de la deuxième catégorie pour les autres, et aujourd’hui c’est fini.

On ne pourra pas m’enlever derrière mes défauts ma gentillesse,  mon désir d’être apprécié de tous parce que je donne du meilleur de moi-même, chaque jour.

J’ai toujours eu cette peur universelle de la solitude ancrée en moi, celle qui m’empêche d’être complètement moi-même. Mais aujourd’hui, je sais y faire face. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais si on sait faire l’introspection de ses actes, et que l’on ne plait pas malgré nos efforts, il faut tourner la page. J’ai eu trop tendance à reculer dans la vie plutôt qu’avancer.

Et même si ça m’a permis d’avancer, cela reste un handicap visible sur chacun de nous. Je suis d’avis que désormais, quand on veut, on peut. Parce que rien n’est plus fort que le courage, rien ne rend plus grand ni plus fort qu’un être courageux, capable et ayant envie de surmonter toutes les épreuves de la vie.

J’aime aujourd’hui tout ce que je ne voyais pas autour de moi. La pluie représente toutes mes envies de pleurer, que j’ai contenues. Le soleil est l’amour brulant de tous les êtres sur cette Terre. Le vert est la couleur de l’authenticité, le bleu celle de la musique, le jaune celle de l’invention, le violet celle de la beauté naturelle et de la raison, et le rouge, oui le rouge, la plus belle des couleurs, est celle du savoir, de la psychologie, et de la passion.

J’aime aujourd’hui avant tout ma petite famille. Rien ne remplace les moments inoubliables d’une famille, les étreintes chaleureuses, les souvenirs gravés à jamais. Et ce qui est formidable, c’est qu’en famille, tout est si simple, parce que nous sommes liés par notre âme. Il n’est pas nécessaire de se dire « Je t’aime », c’est déjà acquis, il suffit simplement de le prouver tous les jours.

Deux ans et demi ont passé, et si c’était à refaire, je ferais surement différemment, mais il y a une chose qui resterait et dont je suis fier : C’est l’amour que je donne à mon prochain. Je ne suis certainement pas croyant, mais je suis sûr de donner plus de foi aux autres que certains religieux.

Deux ans et demi ont passé, certains sont restés, d’autres sont partis.

J’ai rompu tout contact avec mon père, étant donné nos visions différentes sur la façon d’élever ses propres enfants et de gérer le mode de vie d’un foyer.

Ma sœur et moi avons eu des différends qui rendent aujourd’hui notre relation différente que par le passé, mais l’amour qui les lie avec Charles, me rend complètement heureux.

Benjamin, Robin, et Aleksandar sont désormais de très bons amis, ils sont, avec d’autres, ceux qui me permettent aujourd’hui de rester dans le droit chemin. Je les admirerai toujours pour leur fidélité, avant tout, et leur sens de l’amitié, une valeur que j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois.

Je me suis considérablement rapproché de mes grands-parents, pour qui le sujet de ma sexualité ne sera surement jamais explicité, ce qui ne nous empêche surtout pas de passer des moments que je n’avais jamais connu de ma vie.

Marion est sorti de ma vie, après une vie quotidienne trop difficile à supporter, nos défauts réciproques m’ont révélé la véritable nature de notre relation.

 

 

Toute cette histoire m’a rendu amoureux des gens, il est vrai. Je vois en chacun de nous la possibilité d’un petit miracle : un miracle qui rendrait nos vies plus souriantes. Un miracle que certains accomplissent chaque jour, en nous faisant rire, en nous réconfortant, en nous parlant en pleine solitude…

Il y a des tas de façon de rendre la vie plus belle qu’elle ne l’est, il suffit avant tout, d’en avoir l’envie.

 

Ici s’achèvent ces courts chapitres.

Ces écrits auront été pour moi l’occasion de rendre mes sentiments directement en mots, sans retenue, sans censure, sans interdits.

Je voudrai avant tout remercier ma Maman, la femme la plus influente et la plus importante de ma vie, sans qui je ne serai pas qui je suis aujourd’hui, sans qui je n’aurai jamais eu la force d’écrire ne serait-ce qu’une ligne, lorsque le moral n’y était pas. Je tiens à remercier ensuite Ludy, Charles, Benjamin, Robin, Aleks, pour leur participation et leur soutien en tous points, ainsi que toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin, en bien ou en mal, à ces chapitres.

 

N’oubliez pas que chaque vie, même la plus contraignante, reste toujours aussi merveilleuse.

 

Lorris Colmon – [L.C].

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3 décembre 2012

XIV. Victorien

Le printemps est bien là, ma saison préférée. Celle où j'ai l'impression que mon nez ne va pas tenir, celle où il fait bon de sortir.

J’ai comme l’impression que le temps est venu de se relever, de reprendre le dessus.

Il est fini, ce temps où l’on gardait le besoin de se morfondre seul, en espérant que quelqu’un viendrait nous secourir. Je prends le dessus.

 

Il me fallait du courage.

 

Victorien est apparu dans ma vie virtuellement, en ce début d’avril, et il m’a paru évident de lui parler et de faire le premier pas. J’ai perdu, avec le temps, cette timidité qui m’empêchait de le faire. Mais c’est fini tout ça. Victorien fait partie des mecs que je n’aurai pas abordé auparavant, mais il faut avouer qu’il n’a pas un physique qui déplait.

Je n’ai plus, ce sentiment d’infériorité face aux belles personnes, car c’est en se pliant aux premières exigences de l’autre que l’on se promet à une histoire ratée d’avance.

Comme d’habitude, mon côté sociable plait toujours aux premiers abords. Mais paradoxalement, j’ai pour la première fois l’impression que c’est à moi d’imposer mon rythme. Je ne subis plus.

Victorien est d’un naturel adorable. Il a ce côté sincère et manifestement gentil auquel je tente péniblement d’aspirer. Il est petit par la taille, légèrement plus vieux que moi, et le temps lui a visiblement forgé un caractère qui lui est propre.

 

Il lui fallait du courage.

 

J’apprends de multiples manières son passé, j’en déduis les conséquences actuelles. Il n’a pas eu la vie facile. Lorsqu’il m’envoya l’une de ses musiques, je pris le temps d’être ému, pour l’une des rares fois de ma vie, sur ce qui m’arrivait.

On m’avait envoyé un mec clairement sain, un mec qui malgré le temps, restait un type bien. Je n’étais plus habitué à être aimé, mais je crois n’avoir jamais été aimé par un type bien, au final.

Il a l’air amoureux de moi, et tout se passe à la fois si vite et pas si mal.

 

Nous nous voyons à Paris, ville de l’Amour.

Cette première rencontre est marquée par une timidité enfantine de chaque côté, d’une incohérence entre nos messages privés et notre attitude réelle. Je comprends qu’il nous faudra plus de temps.

Comme d’habitude, j’ai peur de ne pas plaire, d’être à la ramasse, face à quelqu’un qui a l’expérience de la vie, face à quelqu’un qui se foutrait de moi si je lui disais vraiment mes problèmes. Je n’avais pas vu qu’il n’était pas comme ça. Il est respectueux, et humble, tout ce que je n’ai pas connu dans le passé, et je n’ai pas l’impression que mon égocentricité mérite un mec comme ça.

 

J’ai comme un malaise, je ne suis pas habitué à tout ça. Victorien a besoin d’un soutien, d’un poids sur quoi s’appuyer, et j’ai l’impression que les rôles sont renversés. J’ai perdu ce besoin d’avoir quelqu’un.
Comme à mon habitude, je ne me satisfais pas de ce que j’ai. Je veux autre chose. 

 

Plus le temps passe, et plus Victorien tient à moi. Et je n’ai pas le même ressenti. J’ai eu une erreur d’appréciation. J’ai envie de l’aider, je sais qu’il est génial. Mais je sais que ce n’est pas ce que je veux. Je m’en veux.

 

Je pensais que le simple physique me suffisait, la simple attirance physique réglait les problèmes, passait au-delà de tout ça. Aleks revient me hanter précipitamment, même loin, même sans trace de vie, il vient encore me prendre le crâne.

 

J’ai encore fait le con, j’ai fait croire à quelqu’un qui tenait à moi que c’était possible, parce que j’ai cru des choses fausses.

 

Cela n’aura duré qu’un bon mois. J’explique à Victorien que ça ne peut plus continuer, sans être aussi clair que j’aurai pu l’être. Le pauvre, il n’avait finalement rien à se reprocher.

 

Il nous fallait du courage, et je n’en avais pas assez.

16 septembre 2012

XIII. Valentin

Comme tout décidemment dans cette vie, quelqu’un d’autre me manque.

Mon frère cadet reste pour moi un goût d’inachevé dans cette vie. Rien ne sera jamais vraiment comme au tout début.

Comme toujours, les douleurs s’effacent, se soignent, mais les cicatrices seront toujours visibles. Je sais qu’un jour, on se reverra. Je sais qu’il est parti bien trop loin pour se voir souvent, mais je sais aussi qu’on ne se parlera plus comme des frères normaux.

Bizarrement, ma sœur, mon frère, et moi, avons tous eu un mal-être visible et inexplicable. Ce sentiment de n’appartenir à aucun maillon de cette société. Être à part.

Mon frère est parti bien tôt. Enchainant les allers retours entre chez ses deux parents, il vague aujourd’hui aux quatre coins de France, ce goût pour le voyage que je n’ai jamais eu.

Avec le temps, je lui ressemble de plus en plus, aussi bien physiquement que dans la tête. Le même besoin, la même nécessité d’évasion, d’isolement, de crainte du monde, de vivre d’une manière différente.

Petit, je me retrouvais beaucoup en lui. Il était un peu ce que je n’aurai jamais pu être. Quelqu’un de fou, fort, musclé, avec une personnalité agressive et en même temps rassurante. C’était mon grand frère. Moi qui étais tout chétif, craintif et peureux de tout. Je n’avais pas de courage, alors que lui, si.

Il est parti. Et malgré un coup de téléphone chaque année, le fait de ne pas le voir me pèse. Il est parti sans vraiment expliquer pourquoi. Et surtout, il est parti sans me dire au revoir, sans me rassurer en disant : « Ce n’est pas ta faute. »

Sa volonté m’a toujours étonné. Je suis bien trop consciencieux pour laisser ma famille de côté pendant des années. Autant les voir pendant que l’un de nous est encore vivant. Sa vie m’inquiète, d’ailleurs. Je ne connais pas son quotidien, je sais juste qu’il fume de tout, et qu’il est trop maigre.

J’ai peur pour lui.

[Lorsque l’on tient, entre ses mains,

Cette richesse,

D’avoir Vingt ans, des lendemains,

Plein de promesses.

Lorsque l’on voit, loin devant soi,

Rire la vie

Brodée d’espoir, riche de joie, et de folie.

Il faut boire, jusqu’à l’ivresse,

Sa jeunesse.]

Cette vie me rappelle à quel point le temps nous est compté. On vit bien moins longtemps que lorsque l’on ne vit pas. Pourtant, j’ai toujours eu ce désir de passer des années au plus vite. Je suis encore une fois, le plus paradoxal de tous.

Je n’aime pas cette jeunesse. Mon frère était un autre repère dans ma vie, et lui non plus, n’est plus là.

Qui est encore là ? Qui voit à quel point j’ai mal ? Pas à la première vue, mais dans le fond, dans le ton sourd de ma voix, dans mes tripes qui me serrent, ma gorge nouée, mon rire dissimulateur et traitre. Qui ressent, par la vibration de sa chair les pulsions qui m’habitent ? Qui sait apaiser tout cela ? Qui a les mots justes ? Qui voit avec du flair, sent dans les yeux, mes émotions ? Qui sait ce qu’il se passe ? Qui voit au moment M, à l’instant T, que la douleur me traverse à nouveau ?

Il n’y a finalement personne à la hauteur. Le besoin de l’autre est tellement infini que l’on en attend toujours plus, et l’on ne se contente jamais de rien. On veut, on reveut, et on en reveut encore. Allez-y ! Vendez-moi du rêve : De l’amour, de l’amitié, de la trahison dans tous les cas, de la déception, de la souffrance, des larmes, des cris, des sanglots, de la haine, de l’amour encore et encore, du sexe, de la hargne ! On bave tous sur la beauté des éléments, sans savoir en profiter. Quelle misère.

Je me rappelle encore de nos moments de notre enfance. On jouait à la Play ensemble, quelques fois, je m’adaptais à ses jeux, et on adorait ça. Il était l’un des premiers à me dire : « Tu finiras PD, toi, c’est sûr. » Il avait déjà tout anticipé. Finalement, tout est peut-être plus prévisible qu’on ne le pense.

Chaque jour, un autre espoir s’envole de plus en plus loin. Le temps fait partir tous les grains de poussières qui nous raccrochent à nos proches. Le temps fait perdre les complicités, les manques, l’affection. Valentin est le seul frère que j’ai toujours porté dans mon cœur. Et si la vie permettra de nous rapprocher peut-être, dans le futur, elle me l’aura enlevé, en grosse partie.

Tu me manques.

4 septembre 2012

Evènement E - La réussite - 19 Décembre 2011

On y arrive peu à peu. Le lycée va se terminer.

J’ai en moi ce besoin infini de réussir quoi qu’il arrive. Je ne veux rien rater. Ma scolarité est pour moi ma seule vraie fierté, mon seul véritable élément. Je crois que j’aime l’école, j’ai ce besoin inconscient de vouloir tout savoir, tout acquérir, de vouloir tout transmettre.

Je suis un impatient, un impatient de savoir, un curieux, une commère, aussi. J’ai cette envie de ne pas être niais de tout.

Souvent, je me demande si je fais tout dans le bon ordre, pour y parvenir. Mes passions passent toujours avant les choses raisonnables, les pulsions détruisent toujours mon éducation. Je sais désormais pourquoi je passe pour ce que je ne suis pas ; Parce que je ne donne pas la bonne image de moi.

Je suis un livre complet, mais fermé. Ce genre de cœur inaccessible, où les gens simples, qui ont voulu y accéder, se sont vus refermer la porte au nez. Je crois apprécier les gens, mais j’ai l’impression de n’aimer personne. Toutes les émotions sont pour moi dévalorisées lorsqu’elles sont optimistes, et me vont en plein cœur quand elles s’approchent du mal.

Ma vie n’a rien d’extraordinaire, mais on a tous une façon de se dire que chez nous, rien n’est chez comme les autres. Les autres sont les mêmes, l’enfer, c’est l’autre. La différence est pour moi une telle souffrance qu’elle m’empêche de m’exprimer, les mots ne suffisent pas pour montrer à quel point je suis éloigné de tout cet environnement, qui m’entoure, qui m’obsède, à qui je voudrais ressembler.

La réflexion me pèse, elle m’envahit presque, au point de me sentir plus bas que terre des jours et des jours. Je me demande pourquoi l’on m’a conçu ainsi. Cette sensation amère et pointue de ne plus appartenir à quoi que ce soit. Mon enfance insouciante et solitaire me manque. Nous sommes bien trop dépendants des autres, désormais.

Si ma sœur, mes amis n’avaient pas été là, je ne serai plus. Pourtant, le meilleur moyen de quitter la tristesse, ce sont nos pulsions. Celles qui vous font oublier le temps d’une journée, d’une soirée, d’une nuit… Il en existe de toutes les sortes, comme si la nature avait anticipé toute la souffrance prévisible de l’être humain.

Mais quand nos pulsions sont aussi nos motifs de désespoir, que faut-il faire ?

Point mort, frein à main. L. ne veut plus avancer, je cale de nouveau.

À une semaine de Noël, les vacances commencent. Comme d’habitude, je vais continuer à me morfondre pendant 15 jours, seul, afin d’oublier cette vie mourante, ma gueule de mort-vivant, mes relations défuntes, mais existantes.

A quoi bon refaire le passé, quand on n’aurait été seulement capables, de refaire les mêmes conneries ? Avant, je me sentais capable, mais maintenant, ma confiance m’a quittée avec Aleks.

A l’école, cela prend le même chemin. Pendant des années, on m’a annoncé que j’étais capable de grandes études. « Tu es une tête », disaient-ils. Je ne me serai rattaché qu’à cela. Je n’ai jamais travaillé, dans la vie,  comme à l’école, vivant sur mes capacités, et mes incapacités à être sérieux et appliqué, je suis décidemment une loque humaine pensante.

A force de ne plus rien foutre, on baisse en niveau, je m’en rends compte finalement aujourd’hui.

Dans le fond, je le veux, Lui, toujours pour moi, pour retrouver ma confiance, et pour rien d’autre. Le sexe est en fait, tellement accessoire. Il n’est bon que lorsqu’il est accompagné d’un amour sans concessions, un amour fait de souffrances, de domination, d’attentions, et de notre côté primitif qui nous est propre.

Je crois que je dis cela, sans vraiment en connaître le concret. Je suis incorrigible.

La réussite, c’est finalement un bien grand mot. Le but peut-être ultime. Les diplômes, les études, le job, les amours, les amis, la vie. Et j’avoue croire peu en mes chances, actuellement, et ce, dans tous les domaines. Je réfléchis déjà comme un vieux qui a loupé sa vie, parce que je sens que c’est le futur qui m’attend. On ne m’a pas disposé à être une réussite dans la vie.

La confiance n’est pas là, mais c’est dans ce sentiment d’insécurité et de désarroi, que je décide de me mettre au travail. Fiches de révision, relecture de toutes les matières, exercices type-bac… Je prends (enfin) des méthodes de travail.

Et c’est fou à quel point j’aime travailler, une fois que j’ai commencé. J’y prends goût. Je ne suis pas ces camarades qui pleurnichent devant des exercices. C’est simple, on a l’envie de bosser, et on le fait. Ou bien on ne fout rien. Moi, j’en avais marre de ne rien foutre. Me revoilà donc à la charge.

Cette remise au point arrive comme une rupture dans tous ces moments de désespoir. On a finalement peu de certitudes, pour tant de doutes. Ma seule certitude, c’est que je peux exceller à l’école, donc je profite de mon seul talent.

Si tout se passe bien, j’aurai mon bac, mon école, mon changement de vie tant voulu.. La vie sera, je l’espère, différente.

En attendant, cette année de Terminale, même si elle reste bonne ambiance, est tellement éprouvante. Je ne peux pas me laisser abattre et laisser tomber les études. Ce sont les seules fiertés de mes proches, et le seul domaine où je n’ai demandé à personne de m’aider. Je me suis toujours battu de moi-même, je ne vais pas arrêter là.

Peut-être que ma confiance reviendra à travers mon travail. Peut-être qu’il me sortira de la tête. Ou peut-être pas… Finalement, rien ne me va. Rien ne me correspond totalement. Quand je profite de quelque chose, il y a toujours ce « Mais… » dans ma tête, qui revient sans cesse, sans que je puisse l’expliquer.

Parfois, je me dis même que je n’aime plus aucun garçon. Je ne changerai jamais de bords, mais des fois, la vue d’un mec, aussi parfait soit-il, me rend amorphe de toute réaction. Je me sens incapable d’être charmant, beau, abordable, attirable, logique dans ce que je dis. Je n’ai toujours rien réussi depuis 17 ans… J’ai des envies de vomir.

Au travail, L. Oublions.

27 août 2012

XII. Marion

L’école est le lieu des rencontres les plus cocasses.

Cela va de la rencontre banale, du type sans intérêt, de la nana la plus superficielle au monde, des gens se sentant perdus dans une cour de récré, aux gens sur populaires, ultra-branchés, sûrs d’eux, créatifs, entourés, voire envahis d’amis. Ceci dit, ce sont rarement les plus intéressants.

On y trouve quelques cas. Le suicidaire, l’obsédé, la chialeuse, le boute-en-train, la sauvage, le gros, le roux, le noir de service… Le lycée, c’est comme un zoo pour humains. Chacun s’observe comme s’il n’avait jamais vu un être de telle sorte. Comme si la vue d’une personne était la seule activité véritable du lycée. C’est le lieu d’exhibition des petites chiennes, aussi bien hommes que femmes, le lieu des mecs qui se la jouent, des intellos coincés et marginaux qui s’exhibent, le lieu de l’affirmation.

Paradoxalement, je ne me suis jamais vraiment affirmé jusqu’à cette année. Je n’ai jamais dit à qui que ce soit qui étais-je, du moins réellement. Je vis dans cette sorte de cocon qui me détache de la réalité. Les gens me jugent mal, ils sont trop souvent loin du compte. J’accepte que l’on ne m’aime pas, en revanche, je n’accepte pas ceux qui croient de fausses choses à mon égard. En Terminale, les gens te respectent davantage. Tu découvres ou redécouvres des personnalités nouvelles, il y a ceux que tu ne vois plus du même œil.

Marion, c’est son cas. Une jolie fille, très jolie. Elle le sait, d’ailleurs. Avant, je la voyais comme une de ces petites filles coincées et gamines, qui chauffent beaucoup et qui ne font jamais rien, par peur. Cette attitude m’a toujours dégoûté encore davantage du sexe féminin.

En fait, Marion, c’est tout autre chose. Maintenant, on se respecte l’un l’autre. C’est une fille enrichissante. Elle m’apporte beaucoup, parce qu’elle me ressemble, au féminin. En réalité, on a trop de points communs. Jeune et insouciante des dangers, elle ère parfois en gardant sa petite bouille souriante, mais en bouillant à l’intérieur. Emotive, elle prend tout, elle reçoit tout, elle capte le sentiment, elle le décuple, elle le transmet.

Je l’apprécie davantage chaque jour, parce que tous ces petits défauts sont infimes quant au bonheur qu’elle transmet. Elle nous enlève l’ennui, la tristesse en soi, la solitude, le manque d’affection. En réalité, c’est la seule personne avec qui je sors tout ce dont je souffre.

Et inévitablement, elle a vécu la même chose que moi, une rupture très difficile. Elle aussi, elle ne peut s’empêcher de l’aimer, encore et encore, de se remémorer ses erreurs, en pensant qu’avoir fait autrement aurait pu tout changer, aurait pu nous rendre plus heureux. Elle aussi, elle vit d’illusions, d’espoirs toujours déchus, d’amour, de sexe, et de joie. Elle est jeune avant d’être jeune, elle fait tout trop tôt. A force d’aller trop vite vers le feu, elle se brûle les ailes, mais elle avance tout de même.

C’est plutôt sa force de continuer, toujours et encore, que j’admire. J’aimerais savoir ne pas vivre dans le passé, savoir oublier ne serait-ce qu’un moment, pour avancer. J’en ai marre de toujours en rester au même point.

On a tout de même une différence radicale : elle choisit toujours des mecs moches et cons. Des mecs, qui, lorsqu’on les voit une simple fois, on sait qui ils sont. Des vieux mecs, qui ne vivent, eux, que de cul et de domination sur l’autre. Des mecs dopés de testostérone, des mecs doux au début et violents par les mots à la fin. Elle souffre, et c’est presque à en croire qu’elle aime ça.

J’ai mal pour elle, parce qu’elle n’est pas aimée au point où elle le mérite. Personne ne vante ses qualités au point où elle en a le plus le droit.

« A vouloir vivre trop vite,

Vouloir tout essayer,

Je te préviens petite,

Ça va mal terminer,

Et ça je ne veux pas. »[1]

Je n’ai jamais autant apprécié nos moments de confessions que ceux avec Benjamin. On s’avoue tout, ou presque, plus rien n’est tabou. La musique est notre drogue préférée après la clope d’avant manger, celle d’après manger, celle du bronzage, celle de la sortie des cours, et surtout celle d’après l’amour.

Nos musiques, rien qu’à nous, sont nos remèdes contre nos maux intérieurs. On est rongés, on bade. Et le bade, lorsqu’il est partagé, est tellement plus appréciable.

Parce qu’on est deux dans les mêmes cas, on sait comment se remonter le moral. On a finalement le don pour savoir comment remonter l’autre, quand on est en perpétuelle descente en nous-mêmes.

J’ai toujours le don pour ne jamais apprécier au mieux une soirée, jusqu’à ce qu’elle me montre comment faire. Je n’ai jamais su trouver le juste milieu entre la blague et le sérieux, jusqu’à ce que je la voie faire.

C’est pour moi, un autre type de repère dans la vie. Savoir être jeune, savoir oublier, savoir s’éclater. J’apprends en étant à ses côtés, j’apprends comment vivre, tout simplement.

Les gens nous jugent beaucoup, mais jamais assez bien. De toute façon, il y a peu de mots pour décrire aussi bien une relation comme la nôtre. C’est vrai, nos points communs nous unissent trop pour donner des lettres à chacun de nos sourires, à ces moments de complicité que je n’ai nulle part ailleurs. Ces petits moments où je sens qu’on me comprend.

Si je l’apprécie autant en ce moment, c’est parce qu’on sait à quel point nous sommes paumés. J’ai compris à travers elle que j’ai fait une grosse erreur en quittant Aleks.

J’ai un repère de moins. J’ai peur de faire des conneries.

J’ai encore ce trou dans le bide, cette angoisse permanente, celle qui me suit depuis que je suis né, j’ai l’impression d’être né pour avoir mal. Aleks m’enlevait un gros poids de tout ça. Je ne pensais pas que le pouvoir de l’amour pouvait aller jusque-là, jusqu’à vous étrangler quand vous finissez seul, jusqu’à en tuer votre âme.

Je me sens tellement différent des autres, tellement seul, tellement oublié… J’ai l’impression d’être celui auquel on ne donnera jamais une véritable explication. Celui qu’on a encore une fois, égaré, sans laisser le moindre chemin de réussir.

A la fin de cette année, je ne garderai pas beaucoup de contacts. Marion, je ferai tout pour la garder. En si peu, elle m’apporte tant…

Elle est si jeune, si fragile. Elle, comme moi, entre dans une vie de pré-adultes qui cherchent leur place, leur envie de réussir amoureusement, de rencontrer pour une durée infinie l’entrée du bonheur.

Nos blagues sur le cul,  sur nos vieux amours, sur ma sexualité, sur son attitude déconcertante, sur notre pauvre capacité de réflexion, sur nos fragilités, nos points noirs, nos passés… Tous ces moments d’autodérisions sont encore une fois, un moyen de combattre le mal par le mal, de l’oublier tout en en parlant.

D’un côté, je l’envie, parce qu’elle est capable de faire face, de se lâcher, une bonne fois pour toutes, repartir. Moi, je ne sais pas pleurer, je ne le fais qu’aux mauvais moments. Je n’ai jamais l’émotion adéquate.

Mais d’un autre côté, je ne voudrais pas être comme elle, parce que je suis bien trop sage pour ne plus rien penser, ou ne penser qu’à mes problèmes. Je suis toujours obligé de me psychanalyser à travers ceux des autres, et de croire en mon bonheur à travers ceux des autres.

La vie paisible me manque. Celle où l’excès n’existe pas, celle où la souffrance n’est que passagère, et réductible. À croire qu’il faut avoir tout vécu pour vivre enfin paisiblement.

Je peux dire aujourd’hui, que Marion est ma meilleure amie. Déjà, parce qu’aucune fille n’arrive à son niveau, je dois le dire. Ensuite, parce que je n’ai connu personne qui m’ait donné autant que j’ai donné, en si peu de temps. On se connait depuis peu, et on se connait pourtant tellement…

J’arrive à anticiper la première erreur qu’elle va faire, là où elle va céder, encore une fois. Son absence me manque, les vacances de l’année paraissent trop longues quand nous sommes éloignés l’un de l’autre.

Quand un pilier se brise, il faut en trouver un solide pour le remplacer. Je crois que j’ai trouvé le meilleur qui soit.



[1] BB Brunes – J’écoute les Cramps

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20 août 2012

Evènement D - Rentrée Atypique - 3 Septembre 2011

C’est la fin de vacances éprouvantes dans ma tête. J’ai eu trop le temps de réfléchir, j’en ai eu marre de me rendre inutile pendant tout ce temps.

J’ai eu trop l’impression de ne me sentir à ma place nulle part. La famille ne peut rien faire pour moi, ils ont plutôt tendance à juger, à ne rien vouloir comprendre. Aleks est le seul à essayer.

Mais sur ce coup, mon envie pour lui, qui ne date pas d’hier, il ne la comprend pas. Je me sens presque désolé de penser qu’en presque un an, il est temps. Je me sens con et presque honteux de croire qu’une relation se fonde aussi sur l’acte.

Arrivé en Bretagne, je l’appelle. Je veux lui en parler. Il y a un truc qui ne va pas. Pourquoi ne veut-il pas de moi ?

« Tu sais, on en a déjà parlé, mais je m’inquiète. De quoi as-tu peur ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? C’est l’acte en lui-même ? Ce sont tes croyances ?

- Il n’y a pas de problème. S’il y a un problème, il vient de toi. On ne force pas les gens comme ça. »

Je l’ai forcé. Je ne m’en étais pas rendu compte. J’ai voulu me lâcher comme avec Romain, parce que je pensais que tous les mecs agissaient de la même manière. Je pensais qu’il en fallait peu.

« Je t’aime, et j’ai envie d’évoluer, d’avancer. Moi, je rêve d’une vie paisible, mais heureuse. Moi je veux grandir avec toi, voir la vie meilleure de jours en jours, j’ai besoin de ta présence à mes côtés. Et j’ai envie de toi, depuis la première fois que je t’ai vu. Je sais que toi, ça t’effraie, et je ne veux rien faire qui aille contre tes volontés. M’aimes-tu, au moins, pour vouloir toutes ces choses en retour ?

- Les choses ont changé. Tu m’as vraiment manqué, mais je sens que l’on a été un peu brisé, depuis l’épisode avec mon frère.

- Aleks, il faut du temps. Quand j’étais chez toi, que tu me faisais à manger, je ne me suis jamais senti aussi amoureux de toi, bien que tes pâtes n’étaient pas cuites. Tu m’as toujours fait rêver, et tu as toujours eu tous ces gestes, pour moi. Tout ça, ce n’est pas parti. Moi, si je suis revenu, c’est parce que je t’ai compris, en Février. Les erreurs ne sont pas irréversibles. Tu le sais, j’ai eu un peu de temps pour réapprendre. On peut ne plus faire les mêmes conneries.

- J’ai bien vu que tu as changé. Quand je t’ai connu, tu aurais attendu des années encore, avant de m’imposer tout ça.

- J’ai 17 ans, Aleks. Et bien au-delà de tout ce que je ressens pour toi, je suis un mec. Et, il va falloir t’y habituer, mais tout mec de mon âge, y compris toi, a des envies inévitables. Si tu ne peux pas le comprendre, ça, ne t’attend pas à trouver une autre relation sans sexe, dans le futur, parce que ça n’existe pas.

- Parce que désormais tu ne vois plus le futur sans moi ?

- Visiblement, tu n’as pas l’air de tenir au notre, en tout cas, tout comme en Février, moi, je ne vois plus rien, je subis. »

C’est vrai, je ne le viole pas, il faut arrêter. Il n’est pas victime, mais nous le sommes.

J’en ai marre de passer pour l’énième con. J’ai pris conscience de mon potentiel, j’ai pris conscience que je dois avancer. Comme d’habitude, mes vacances qui ne s’annonçaient déjà pas excellentes, sont gâchées. Comme d’habitude, j’en ressors plein de doutes, et dans une énorme bulle de solitude.

Mais cette fois-ci, j’ai plus de confiance en moi. L. n’est plus celui qui dit toujours oui. Avant, je me foutais de savoir qui gagnait à la fin, j’espérais juste qu’on me tendrait la moindre main. Désormais, c’est fini, je m’en sors avec mes propres bras. J’ai saisi que croire en l’Homme bon n’est pas sans risques. Je vais d’abord croire en moi.

2 Septembre 2011

Aleks me manque, aujourd’hui. Je repense à nos (petits) problèmes, et je me demande comment y remédier. Avant de trouver une solution, il faut identifier le problème. Est-ce lui ? Moi ? Sa peur ? Mes attitudes ? Son manque d’effort ? Mes intentions ?

Je me pose des questions. Suis-je encore pris d’euphorie après des mois où j’ai goûté à autre chose de la vie ? Ou alors me fais-je des films ? Suis-je carrément devenu obsédé ?

Le problème, c’est que plus il ne veut pas, et plus j’insiste. Plus je demande des explications. Nos SMS prennent des tournures d’engueulades.

A.# Tu t’énerves tout seul en te fixant là-dessus.

L.# Mais comprends-tu mon problème ? Tu ne veux toujours pas avancer ? Ca fait onze mois…

A.# Arrête de ne penser qu’à toi ! Tu me saoules avec tout ça. Je n’ai pas envie, je n’ai pas à me justifier, avant, je n’aimais pas ce type-là.

L.# Tu aimais lequel, alors ? Parce que c’est toujours le même avec toi.

A.# Je n’en ai aucune idée. Et je me demande même comment j’ai bien pu l’aimer.

C’en est trop.

L.# Eh bien, gros connard, tu ne vas pas te demander comment tu vas le perdre. On arrête là.

A.# Pardon ? Qu’est-ce que tu me fais là ?

L.# J’ai donné mon cœur, parfois à n’importe qui, mais jamais autant qu’à toi. Aujourd’hui, et depuis un nouveau mois, je me livre à toi, comme depuis le début. Comme tu le dis, j’ai changé. Je suis devenu quelqu’un. Tu m’as bien fait comprendre que tu n’aimais plus ce quelqu’un. Cependant, ce que j’ai réussi à garder, c’est ma capacité à vivre seul. Je t’ai trop prouvé à quel point je t’ai aimé, tu étais comblé. Finalement, je me rends compte que comblé, tu ne le seras jamais.

A.# Eh bien va te faire mettre par qui tu veux, si c’est ce que t’aimes, après tout ! Si je ne voulais pas coucher avec toi, c’est parce que tu ne m’attirais pas, voilà ! Maintenant, je t’ai offert bien autrement. Je n’en reviens pas !

L.# Chacun son tour, Aleks, de faire souffrir l’autre. Bye.

L’enfoiré ! J’ai la capacité d’encaisser toutes les insultes du monde, mais certainement pas celle de me faire passer pour une trainée. J’ai ma fierté de mec, je suis peut-être le plus gros pédé du monde, mais j’ai une dignité.

Je ne me suis jamais senti aussi bas. Ludo, c’était une blague à côté. Mais L. a très bien appris à se passer de ses sentiments, temporairement.

« Jamais plus,

Nous ne mordrons au même fruit,

Ne dormirons au même lit,

Ne referons,

Les mêmes gestes. »[1]

3 Décembre 2011

Mal dormi, c’est la rentrée. Je repense au fait que je sois devenu célibataire, en une soirée. Je n’ai pas de regrets, j’ai été honnête. J’ai la simple amertume de me dire que ça aurait pu se passer autrement.

Ce fabuleux jour de rentrée, où l’on voit toutes les garces, euphoriques de se retrouver ensemble, ou bien les pleureuses, qui se disent qu’elles ne se verront Que dans la cour de récré. On passe le bac cette année, et certaines sont encore au collège.

Personne dans ce lycée de bourges et de religieux ne sait ce qu’est d’être éloigné des personnes qu’on aime pendant des années.

Ces personnes ne savent pas que quand le temps passe, il emporte tout. Il vous enlève aussi, quelque peu. Un coup de vent dans les cheveux, c’est une bataille de polochons d’envolée. Le bruit des feuilles tombantes et brunies par la saison, rappelle l’automne dernier. Une blague salace, c’est une vieille anecdote de cul d’un temps révolu. Une clope éteinte, c’est le feu d’une amitié lointaine qui s’éteint. Une carte de transport oubliée, c’est quelqu’un que vous avez aimé qui vous oublie.

Je grandis tout en ayant conscience de ne pas grandir. J’en suis resté au même point, depuis des années et des années. Quand on croit atteindre le bonheur absolu, on en oublie qu’on se perd, qu’on perd le goût de toutes les autres choses futiles qui nous rendaient simplement contents. L’odeur vieillissante de mon lycée me rappelle à quel point j’ai pu me sentir si seul, à la remarquer dans mon petit coin.

J’ai compris que si personne ne me comprenait, c’est que personne ne s’en est pris la peine, réellement. On s’est foutu de moi, on m’a enlevé le père que j’aurai dû avoir, on m’a laminé à mon entrée de lycée, on m’a écarté, on m’a corrompu le jour de mes 16 ans, on m’a humilié une première fois, j’ai croulé sous les insultes, et quand j’ai cru que le bonheur venait simplement à moi, on a tout fait pour me l’enlever, que ce soit la famille, Dieu, ou celui que j’aimais profondément. Qui me veut tant de mal ?

Je me retrouve éloigné de BenJ, cette année. Rien de mieux pour me miner le moral à peine entamé. Il a d’ailleurs reçu un message d’Aleks. Ils ne se parlent pourtant jamais. Il est outré que je l’ai quitté pour une « simple envie de niquer ».

C’est reparti, pour une nouvelle année scolaire. La précédente était déjà pire que celle qui précédait, j’attends de voir la suite. En réalité, j’attends depuis 17 ans, sans vraiment savoir quoi attendre.

Je vois toutes ces apparences heureuses et épanouies, et je me rends compte que je n’ai même pas le physique, l’allure, ni même la mentalité, pour être Gay. Pourtant, quand le bon nombre d’inconscients me disent : « Pourquoi tu ne redeviens pas hétéro ? », ils ne savent pas que ce n’est pas un choix. On l’est, parce qu’on l’est. Et je préfère vivre seul ou malheureux – ou les deux – dans mes rêves lointains, que de vivre dans l’illusion la plus totale. J’ai un faible avec les mecs, parce qu’ils ont ce que je rêverais d’avoir. Ils ont l’assurance, la folie, et l’apparence que je n’aurai jamais. Qui voudra de moi un jour, en sachant ça ?

C’est reparti, pour une nouvelle année scolaire. Et je repars avec la même impression qu’à la précédente rentrée. Hormis que là je n’ai pas eu de relations avec quelqu’un qui a deux fois mon âge, mais les conditions sont les mêmes : Solitude, Amertume, Incompréhension, Indignité, Honte.

Mais L., depuis, s’est fait un masque. Il est temps de rire à nouveau, d’être le plus joyeux et sociable de tous, il est temps de ne plus rien montrer.



[1] Charles Aznavour - Désormais

19 août 2012

XI. Aleksandar - 2ème partie

Chaque blessure n’est jamais vraiment guérie. Chaque souvenir n’est jamais réellement oublié. Quand le mal s’installe, quand nos vices nous rongent, on ne s’en débarrasse jamais. On ne fait que vivre avec tout ça, on ère. La chaleur de nos corps et de nos mémoires ne refroidit finalement jamais.

Comme toute cicatrice, représentant une anecdote, on la garde à tout jamais, tout en sachant à quoi elle correspond.

Cela fait maintenant cinq mois qu’il n’est plus là. Et je n’arrive décidemment toujours pas à l’oublier. Les vices, dont j’ai conscience, ne font que me transpercer le cœur, de jours en jours. La tristesse que je refoule est pourtant si futile face à la misère du monde, face au poids des éléments, que j’en deviens presque pathétique. Il ne me manque pas seulement, il me tue.

« Mon cœur vivra sous les décombres

De ce monde qui nous ressemble

Et que le temps a dévasté. »[1]

Je dois lui parler. Même si je sais que c’est inconscient, qu’il ne pense même plus à moi, je dois lui dire tout ça. J’ai besoin d’avoir une de ses pensées. Tout est si abstrait. Tout s’est fini par des concepts, des idéologies, des conceptions de la vie différentes. Mais a-t-il oublié à quel point nous étions heureux ? A-t-il pensé à mon mal-être ? A-t-il cru bien faire ? Est-ce que, encore une fois, j’ai vécu dans un de ces contes de fées qui ne font rêver que moi ?

Tel un innocent sans arrière-pensées, je lui laisse un message. A ma grande surprise, il me répond. Ce sentiment d’euphorie dans un monde glacé, dans une atmosphère si lourde et tempétueuse, me fait retomber dans mes travers. Je ne trouve vraiment pas cet équilibre entre la joie de l’instant, et la déprime éternelle. Je vis de passions, je ne raisonne pas une seule seconde.

Je m’efforce de lui parler chaque jour, comme au bon vieux temps. Cette pseudo-amitié me paraît si étrangère, que je ne suis même pas capable d’y croire. Il se doute que je ne suis pas son ami, il me connait plus que n’importe qui. J’ai bien trop de vices pour m’arrêter là.

Mais voilà, depuis ces mois-là, j’ai changé. Je suis dans une période où j’en veux toujours plus, j’ai besoin de découverte. La vie me tend les bras, et je ne les prendrai qu’avec lui. Qu’il me suive.

Et aujourd’hui, j’ai 18 ans. Comme un cadeau d’anniversaire, aussi immatériel qu’il soit, Aleks m’envoie un beau message. Il a réfléchi, et il se dit qu’il doit avancer par lui-même, au diable les avis d’autrui, il veut encore de moi.

C’est comme si je naissais pour de bon. Comme si Dieu, auquel je crois peu, m’avait entendu. Comme si enfin, pour une fois dans ma vie, on avait eu ma reconnaissance. Il m’invite chez lui prochainement.

 

10 Août 2011

Après des galères pour trouver son chez-lui, le revoilà. Avec sa bouille inédite, son sourire décidemment inoubliable. Sa démarche et son allure atypiques, me rappellent à quel point j’ai pu le contempler bêtement. Je découvre alors son humble demeure. On s’était toujours vus en public, hormis la dernière fois.

Il y a des photos de famille partout. Ils sont actuellement tous au « bled », nous sommes tous deux seuls. Par demi-surprise, je l’embrasse quand il me fait à manger. Je découvre tous ces petits moments de grand, et c’est comme si j’en voulais toujours encore. Ma soif de bonheur n’a jamais été aussi importante, alors qu’en même temps, je parais comblé par si peu de choses.

Je l’aime, je l’aime à un tel point, qu’il est celui qui me rend fier de moi. Il est un accomplissement dans ma vie, surement l’un des seuls, et j’ai tellement envie de le combler, lui aussi. Je retrouve ses baisers, ses mordillements, son assurance, je me retrouve. Comme si sa chair était la mienne, et que je me déchirais à le savoir loin.

On a dépassé la connerie humaine, il m’a compris, il a décidé qu’il vivrait mieux avec moi. Je veux tout faire pour lui prouver qu’il a fait le bon choix.

« Je suis malheureux,

D’avoir si peu, de mots,

A t’offrir en cadeau,

Darling I, Love you, love you, Darling, I want you. »[2]

Notre première nuit ensemble. Je ne me suis jamais senti aussi chez moi que chez lui. Il change mes habitudes, il me fait grandir à lui tout seul. L. n’est plus un enfant.

Je compte bien fêter ces retrouvailles. Une agression de tendresse, de douceurs, et d’amour. Son sourire m’émerveille, toujours et encore. Je crois que c’est ce que je préfère, chez lui. Ou bien ses yeux, ou bien tout à la fois.

Pris sous l’ambiance, je l’incite à voir plus loin. Mais il n’est pas prêt.

Je suis déçu, comme quand on m’avait enlevé ma PlayStation étant petit, mais là je ne peux pas faire de caprice. Je dois comprendre, pourtant je ne comprends pas vraiment. A un moment, ça travaille, ces choses-là. Il devrait pouvoir se lâcher, à un moment donné. Mais il n’en est rien.

Peu importe, c’est encore d’un goût d’inachevé que je m’endors, tout en sachant que cette fois-ci, le futur nous appartient.

Aleks va bientôt en Serbie, et moi en Bretagne. On ne va pas se voir du mois d’Août. On dit toujours que l’Amour le plus beau est celui qu’on attend le moins. Malgré tout, je l’attends.

 

Comme certains, qui n'en peuvent plus,

Comme ceux, qui y sont presque,

Comme la plupart, qui n'y pensent même plus,

Et comme tout le reste,

 

Je t'attends, Tu me manques tellement.

A.

 

Notre histoire actuelle est différente de la précédente. Chaque blessure n’est jamais vraiment guérie.

Mais c’est dans cet esprit de revanche que nous avançons. Ces longues journées sans contact possible avec lui me permettent de prendre du recul sur ce que je vis, et sur ce qu’il pense de tout ça.

J’ai l’impression d’être à la fois sauvage et humain, ne pouvant résister à un sentiment de l’amour, tout à fait inévitable et indestructible. Pourquoi doit-ce être toujours compliqué ? J’ai toujours rêvé que les choses se fassent naturellement.

Sa présence dans ma vie, reste quelque chose d’inestimable. Il est ma première pensée du matin, ma galanterie de la journée, ma réflexion du soir, mes rêves de la nuit. Il est tellement omniprésent sans même rien y faire, il est incroyable.

 

L., tu redeviens heureux et raisonné. Du moins, pour le moment.



[1] Charles Aznavour - Désormais

[2] Charles Aznavour – For me, For me, formidable

17 août 2012

X. Robin

Je me suis longtemps demandé si l’amitié Gay-Gay, existait vraiment ?
Depuis peu, j’ai pu expérimenter. J’ai appris à connaitre Robin. D’abord une connaissance hasardeuse, Robin est finalement un vrai pote, le genre de mecs à qui tu peux te confier.


Il parait assez dur, au début. Je l’ai, pendant un moment, confondu avec ce genre de mecs de la « communauté », qui se croient assez au-dessus des autres, quelque peu hautains de par leur appartenance à une « mode ». Le genre de mecs que je ne supporte plus.


Non, Robin, c’est un mec qui montre peu, tout simplement. Il est drôle, il est même un peu fou.
L’année scolaire est finie, et j’en ai marre de me morfondre dans mon coin de campagne paumé, dans cette baraque dont j’ai horreur, j’ai besoin de sortir. Avec Robin, je suis servi, au moins.


Robin m’emmène finalement dans pas mal de soirées, là où on connait peu de monde, et où on ressort en pensant presque connaître tout le monde depuis des années.
Robin est plutôt du genre à sortir à tout prix, alors que moi, je reste souvent chez moi, je sors peu. C’est peut-être une conséquence de mon côté insociable, ou alors carrément pénible à vivre.


Robin ne m’en tient pas rigueur, il est quand même assez cool, avec tout le monde. Avec lui, je me permets ce que je ne me serai permis avec personne d’autre. Je bois de plus en plus, quand il est avec moi.

Un soir, j’en arrive même à lui gerber dessus, à vomir sur la terrasse, par terre… Il faut dire que je me permets un peu trop, notamment sur les mélanges douteux.
On boit de tout, on fume de tout. C’est grâce – ou à cause – de lui, si je ne suis plus l’enfant tout sage que j’étais. Celui qu’on ne voyait pas, celui qui restait retiré, trop introverti. Avec Robin, je me lâche, j’oublie la vie.


Robin est finalement celui qui me montre tout ce dont je suis capable de faire, tout ce que j’ai encore à vivre. Il m’ouvre des portes. Dans ces moments-là, il est bien loin le temps où je me sentais délinquant, à fumer une clope.


Et, bon dieu, ce que ça fait du bien d’entrer dans la vraie vie, de ne plus se prendre la tête. Il vaut peut-être mieux finir con et heureux, que conscient et triste. Aujourd’hui, je préfèrerais mourir ivre que de vieillesse. La vie me soucie beaucoup moins.


Physiquement, Robin doit me « ressembler », puisque tout le monde le dit. On a en fait les mêmes traits de visage, à peu de choses près. Mais il est plus beau que moi. D’allure, d’expressions, de style, il passe mieux que moi.
Il ne m’attire pas pour le moindre du monde. Et je suis persuadé que c’est archi-réciproque.

C’est ce qui donne à notre amitié toute son authenticité. Malgré tout, il nous suffit d’être bourré pour s’embrasser, à la demande des « spectateurs ». On s’en fout, y a rien derrière.
Robin, c’est plutôt le genre à ne pas avoir de relations archi sérieuses et durables. Il est un peu le contraire de moi, de ce point de vue. Il s’éclate plus, quand moi j’aime plus. On vit différemment.


Je pense quand même qu’il doit cacher certaines émotions, derrière toute cette apparence. Il sait ce qu’est le bonheur, la tristesse, la déprime. Sauf qu’il a déjà trouvé tous les moyens pour s’écarter lui-même des soucis. Il vit plutôt au jour le jour.
J’essaierai de m’en inspirer, à l’avenir…


Après une autre soirée, où je suis, sans le montrer, totalement déchiré, je m’en vais dormir chez lui.
Cette soirée m’a montré à quel point il est vraiment impossible d’imaginer quoi que ce soit entre lui et moi. Quand on essaye, et que ça ne marche vraiment pas, il ne faut pas chercher plus loin.


Non, c’est un très bon pote, l’un des meilleurs que j’ai. Lui en a surement plus que moi, je compte peut-être moins pour lui, que lui pour moi, mais il est un nouveau repère dans ma vie.
Inconsciemment, il me permet, lui aussi, de me construire.


Pourvu qu’il m’apporte, lui aussi, tout le réconfort que je n’ai plus. Moi qui a du mal à croire en l’importance de l’amitié, je sais qu’il est capable de me prouver le contraire.
Je sens doucement qu’Aleks revient me hanter l’esprit. Je n’arrive pas à m’attacher à d’autres, et il n’est pas étranger à tout ça.
L., n’oublie pas que la vie continue.

17 août 2012

IX. Romain

Je repasse de temps en temps sur le site Z.

Une façon peut-être refoulée de revisiter le site d’Aleks, ou bien pour chercher, sans véritablement chercher quelqu’un d’autre.

Comme d’habitude, personne ne me plait. J’ai du mal à me décrocher des photos. On dit toujours que l’apparence n’est que superflue, seul l’intérieur compte. Conneries, toujours. Je suis exigeant alors qu’il ne faut vraiment pas l’être pour venir visiter le mien. Je suis décidément incorrigible.

Je tombe sur un mec, assez vieux, enfin pas du ressort de Ludo, 23 ans. Il n’est pas exceptionnel, mais il a un charme. D’un premier coup d’œil, il parait un peu dealer, ou même un rebelle de la société. Il a en tout cas ce côté rock-trash que j’aime bien, mais que je n’ai jamais expérimenté. Il m’intéresse pas mal, faisons comme à notre habitude, sautons dessus.

Il est extrêmement drôle ! Aucune prise de têtes, pas mal de timidité malgré tout, et après de longs jours à se parler, il m’apprend qu’il est en couple. Ils se foutent décidemment tous de ma gueule ? Pourquoi il se connecte sur un site de rencontres, répond à mes messages, sait très bien ce que je veux, mais nuance tout de même sur sa position.

Eh bien, tant pis, tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça ! Si tu n’es pas clair, je ne vais pas l’être non plus !

Toutes nos discussions sont finalement assez ambigües, et drôles en même temps. Ce con, il me donne le sourire, parfois. Il paraît tellement naïf, et tout à fait conscient de ce qu’il fait ! De toute façon, c’est lui qui est censé poser des limites, pas moi.

Son mec habite à 800 km de lui, ils ne se voient jamais, ou presque. Ca explique tout…

Une longue relation pseudo-amicale virtuelle s’installe, en un mois. Mais j’aimerais bien le voir, moi. J’ai trop connu les limites du virtuel à l’époque, je ne recommencerai pas. Cependant, je ne me sens pas prêt à me poser pour l’instant. Mon passé me retourne la tête, je suis trop insociable et indécis, pour retrouver la confiance en moi.

Je lui propose de le voir. Il repousse, une fois, deux fois. Toujours les mêmes excuses aussi bidons les unes que les autres. J’ai compris, il est comme moi, très consciencieux,  il tient à son mec. Enfin, il décide tout seul de souffrir, en choisissant la distance au quotidien merveilleux.

A force d’insister, on obtient ce qu’on veut. Je vais chez lui.

A mon arrivée, je le surprends. Il est vraiment tout petit, et même temps assez viril, pas de manières superflues, il est vraiment charmant !

Très accueillant, dans son humble demeure. On boit le thé, on parle jeux-vidéos, en tant que Geeks qui se respectent. Il me fait rire, et même temps il est très réfléchi. Il a l’air d’avoir subi pas mal de malheurs. Il me raconte son enfance, à vivre dans une cave,  à ne pas pouvoir sortir par peur de son propre père. Il me disait qu’il a failli se faire tuer par son père, à coups de couteaux. Ça rend tout de suite la soirée moins attrayante.

Je n’aime pas les plans culs. De toute façon, je n’arriverais surement pas à faire l’amour sans une pointe de romance. Ça me rassure, dans le sens où notre « communauté » arrive à un tel point de provocation, que je m’estime heureux de ne pas leur ressembler.

Mais, pour le coup, la pointe de romance, elle est bien là. Il est quand même très très charmant.

Il a de l’humour, un vrai, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Il a l’air de prendre la vie du bon côté, il représente l’euphorie auquel j’ai rarement goûté.

Cette soirée, sans pour autant qu’il ne se passe quoi que ce soit, me fait oublier un court moment Aleks. Et je me rends compte que ça me fait terriblement de bien. Il y a une vie, en dehors de lui, il faut la saisir. Et c’est ce petit con, en face de moi, qui ne connait rien à mes problèmes, qui me le montre. Il m’intrigue finalement beaucoup.

Une belle soirée à parler, à ne rien faire d’autre, c’est bien mieux que le reste.

Il m’annonce qu’il n’y a qu’un lit pour nous deux. J’avais bien vu. Tant pis, c’est à ses risques !

Comme une façon de se dire qu’on est fatigués, quand on n’est finalement pas fatigués pour un rond.

On va se coucher. Je lui montre que je ne m’arrêterai pas là. Il le savait de toute façon. Il me repousse en hésitant, puis il se lâche. J’ai gagné. Au diable mes bonnes manières, marre d’être le seul à ne pas profiter de la vie.

Un moment qui laisse rêveur, et c’est en même temps totalement réel. Je découvre finalement ce que c’est, la véritable sexualité. Adieu les Ludo et les Rémy, le temps a passé, L. se découvre.

J’ai toujours rêvé de faire ce moment, où son partenaire en train de dormir dans ses propres bras. Ce moment où tu peux contempler toute la satisfaction de l’autre. Le devoir accompli.

Un peu à l’ambiance des années 60, on se fait notre nuit (presque) blanche, la clope d’après-l’amour, près de la fenêtre, à l’aube, un peu comme si notre histoire avait duré depuis si longtemps.

Il n’a pas l’air si déçu, au contraire. Certes, il a trompé son mec, mais il a eu une réaction un peu humaine. Six mois, ou un an sans même se voir, il est normal d’avoir certains besoins. Enfin bon, ce n’est pas mon problème.

Je repars, il aurait peut-être voulu que je reste, je ne sais pas. Je n’ai pas non plus le besoin d’avoir une plus grande relation, pour une fois. C’est même la première fois que je ne m’attache pas n’importe comment, à n’importe qui. C’est fait, voilà.

Sans surprise, on s’oublie, peu à peu. Plus de nouvelles. Il a surement eu des regrets, ce que je comprends. Je me demande simplement ce qu’il fout dans un merdier pareil.

C’est ce que je ne comprends pas, d’ailleurs. Si on a besoin d’autre chose, pourquoi ne pas dire « Stop », à un moment donné ? Il aurait vécu autre chose, avec moi. On avait plutôt l’air de bien s’entendre. Tant pis, je ne vais pas en chialer, je ne veux pas faire les mêmes erreurs, la vie continue.

 

16 août 2012

Evènement C - Retrouvailles - 21 Mai 2011

Je me sens seul, en ce moment.
L’impression obsédante de me sentir inutile et malaimé. Je retombe dans mes travers.


Pour la première fois, j’ai peur du contact des gens, j’ai peur de décevoir, de me faire repousser, d’être un rejeté.
Je me rends compte que personne ne me comprend, mais vraiment personne. Avec Ludy, encore, on peut débattre, échanger sur ce qu’on pense, mais on reste finalement vagues sur ce qui nous tire vers le bas.


Qu’est ce qui ne va pas ? Ferais-je une fausse dépression ? Ou suis-je vraiment malheureux, dans ce coin de campagne pourri, où finalement tout le monde est un peu pareil ? Chaque odeur est sans saveur, chaque image me paraît monochrome, tout est trop uniforme pour que j’apprécie la vie, telle qu’elle est.
Je dois bouger, je dois changer quelque chose.

Comme un vrai coup de tête, je décide de voir mon père. Je sonne chez lui. Je suis étonnement décontracté. Pour une fois, je suis en position de force, ce n’est pas moi qui ai tort.

C’est encore l’autre moche qui m’ouvre. Elle ne me reconnait même pas. Il faut avouer que je la reconnais par son incroyable laideur, qui a empiré avec l’âge !
Je suis bien accueilli. Mon père me voit, il se trouve étonné de me voir là.


Eh oui, j’ai grandi, j’ai muri, je parle beaucoup plus, beaucoup mieux, j’ai eu le temps de réfléchir. Je suis peut-être bien un « homme », maintenant. Mais ça, tu aurais dû y penser quand tu as fait partie de ceux qui ont niqué ma jeunesse.


Il a une énorme gêne, il a surement honte. Ma venue doit lui rappeler un passé douloureux, dont il n’est pas fier. Mais oui, je suis son fils, il va bien falloir qu’il l’accepte. Il faut dire qu’il ne s’est pas violemment bougé le cul pendant tout ce temps.


Il faut le dire, c’est un bon accueil. Ils me disent qu’ils étaient « persuadés que je reviendrai de moi-même ». Oui, je pensais pareil d’eux. Au final, comme souvent dans ma vie, c’est moi qui a cédé.


Paradoxalement, je n’aime vraiment pas être là-bas. Comme avant, il n’y a rien à y faire. Ils ont des goûts radicalement opposés aux miens. Ils aiment les voitures, la randonnée, la nature, le vélo, tout ce que je hais particulièrement.


Je ne me rends même pas compte, qu’ils font partie de ma famille. On n’a finalement rien en commun. Ils vivent totalement différemment de moi.
Tom a maintenant 12 ans. Il a vraiment changé. Il est bien le premier blond de ma famille, déjà. Il est l’opposé de moi. Il est peut-être celui que j’aurai aimé être, parce que j’aurai été plus heureux. Il est sportif, c’est déjà un vrai champion.


J’ai toujours voulu faire du sport, sans jamais avoir pu en faire vraiment. Ça me rappelle à quel point ma vie est pourrie et emmerdante.
Ça ne sert finalement à rien de lui dire ma sexualité. Il se foutait de savoir comment je vivais, pendant des années, je ne vais pas lui dire avec qui je baise.
Je me rends compte que ma venue n’a rien apporté, rien changé.

Je peux juste demander confirmation à mon père, sur tous les défauts de ma mère.
Ils ont l’air de tenir à moi. C’est salaud, mais moi pas vraiment. Tout le monde me disait : « Tu seras heureux de retrouver celui t’a fait. C’est ton père, c’est tes racines. »


Là aussi, c’est des conneries. Ce sont des gens inintéressant, même s’ils sont aimables et veulent mieux me connaître. Je pense d’ailleurs qu’il ne le faut pas.


Je resterai toujours évasif sur ma vie privée. D’ailleurs, ils sont tellement timides qu’ils n’oseront jamais me poser des questions. Tout l’opposé de ma mère.


J’en ai marre. Aleks me manque, c’est le seul qui me rend heureux.

Il ne me parle plus, on s’est « supprimés » de nos vies. J’ai le cœur meurtri. Comme si l’on voulait absolument me rendre triste, comme si le goût d’inachevé hantait mon existence. Comme si la vie ne voulait vraiment pas de moi.


J’aimerai bien savoir ce qui me force tant à vivre dans la peine. Qu’est ce qui, quand tout peut aller bien, tire forcément l’humain vers le bas ? Est-ce que j’ai vraiment tout bien fait ? Visiblement, non.
Tous mes acquis s’écrasent au sol, et tout recommence.

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[L.C]
  • Voici ma première autobiographie. Je veux montrer qu'il n'est pas nécessaire d'avoir la cinquantaine, ou d'avoir fait la guerre, pour avoir du recul, sur son existence. L'important est de commencer, par le commencement.
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