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[L.C]
14 août 2012

Evènement B - Mort Programmée - 15 Février 2011

Nous sommes le lendemain.

Aleks est bien silencieux aujourd’hui. Je cherche péniblement à savoir ce qu’il y a. C’est vrai, c’est mon rôle, il est là pour moi, je suis là pour lui.

C’est son année de bac, un découragement ? Une mauvaise nouvelle ? Qu’il me réponde au moins ! Qu’est ce qui le rend triste, subitement ?

Il faudra que j’attende jusqu’au soir pour avoir une réponse concrète. Aleks a parlé avec son frère.

Aie. Au vu de ses réponses brèves et peu explicites, j’ai compris que ça s’est mal passé.

Il est rarement dans cet état, quand il n’a même plus l’envie de parler. Pourtant, il est comme moi, c’est un bavard. J’aimerais tant faire quelque chose de là où je suis, lui dire qu’il aura toujours mon soutien, qu’il a eu du courage de le faire.

Je ne sais même pas ce qu’il pense. On croirait presque le fantôme de Rémy, sur le coup.

Tard dans la nuit, on s’appelle. Voilà, son frère est fou de rage, ce n’est pas bien, cette relation. Ça doit en finir. Ça ne fait « que » quatre mois, c’est limite « soignable ». Certes, mais il devrait comprendre que l’on s’aime, et ça, il faut être à notre place pour le vivre.

Aleks m’explique qu’il a parlé avec lui longuement. Son frère lui prévoit quelques sorties en boîte pour m’oublier et avaler vite la pilule. Cette situation commence à ne pas me plaire du tout.

Pour la première fois, Aleks me met le doute. Lui-même n’est plus sûr de quoi penser. Il se laisse influencer par son frère sur ce qui est le mieux pour lui. Il fait chier, l’autre connard.

Aleks n’était déjà jamais sûr de rien, mais alors là c’est mort. Il est complètement paumé.

Nous sommes Mardi, le 15.

Les deux-trois derniers jours n’ont été que des doutes et des petites embrouilles. Rien n’est clair. La distance joue finalement beaucoup. Nos échanges de regards éclairaient bien mieux nos ambitions lorsqu’ils étaient tous proches.

Réveil tardif, connexion machinale et quotidienne sur Facebook. Message.

Oh putain, c’est son frère. Il me tape l’embrouille, ouais, c’est un « bonhomme ». Ce genre de morales sur la religion, sur le fait que la nature a créé l’Homme, et la Femme, pour qu’ils s’emboitent, et pas pour d’autres combinaisons possibles, bla, bla…

Il est vraiment complètement con, à mon goût, de voir la relation entre Hommes, comme deux Légos mal emboîtés. Cette connotation sexuelle a tendance à me casser les burnes, voilà.

Avant de finir ce petit « remontage de bretelles », il ajoute quand même qu’il mettra tout en œuvre pour que je ne touche plus jamais à son frère, « Ne l’approche même plus », m’écrit-il.

Une démonstration à la fois d’ignorance et de désaveu complet pour son frère, une honte.

Comment gérer tout ça ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? J’envoie le message à Aleks. Il est un peu étonné, et même temps, pas vraiment. Il n’a pas l’air d’être trop stressé par les menaces envers moi, ça passe même inaperçu, en fait. L’avenir nous dira.

Le lendemain, même schéma. Je me reconnecte, un message. C’est Aleks.

Un roman, pour me dire qu’il a fait son choix.

« On ne va pas plus loin, c’est fini. »

Boum.

L, tu es de retour. Tu as finalement le don pour trouver des mecs incroyablement égoïstes. Ta gentillesse te perdra. Il a choisi le plus ignare des deux, et ce n’est pas moi.

J’avais oublié à quel point la culture, la famille, et le pouvoir de la honte pouvaient transcender un être humain. J’ai encore échoué, Aleks ne reviendra pas là-dessus.

« On s’est loupés, de peu je crois,
Je ne comprends pas.
Pour nous deux, c’est terminé,
Que nous deux rien ne va,
J’avais tellement envie de toi,
Tu ne comprends pas, non,
Je ne comprends pas, non. »[1]

 

C’est un choix complètement con, mais compréhensible. Ils se connaissent depuis dix-huit ans, ce sont des mecs, ils se doivent de rester fiers d’eux. Moi, je n’agis même plus comme un mec, ça fait longtemps que j’ai bien perdu toute dignité, et ça ne faisait « que quatre mois », comme dirait l’autre.

 

« You had my heart inside your hand,
But you played it, to the beat »[2]

 

Ce n’est même plus un coup de poing que tu m’as donné, c’est un K.O sur le ring. Une droite bien sèche, juste ce qu’il faut. Face à toute la fragilité que j’incarne, c’était trop facile. Tu peux aller la chercher, ta médaille, désormais, tu as ce que tu veux. Moi, je n’ai même pas eu le temps d’y croire un peu.



[1] BB Brunes – Perdus cette nuit

[2] Adele – Rolling in the deep

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  • Voici ma première autobiographie. Je veux montrer qu'il n'est pas nécessaire d'avoir la cinquantaine, ou d'avoir fait la guerre, pour avoir du recul, sur son existence. L'important est de commencer, par le commencement.
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