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[L.C]
11 août 2012

Evènement A - Joyeux Anniversaire - 5 Août 2010

Avignon.

En effet, c’est vachement beau. Bon, heureusement, parce que, concrètement, à part visiter le Palais des papes et le fameux pont, on se fait bien chier !

J’y suis accueilli par une amie de la famille, la cinquantaine. Je ne la connais qu’un peu. On a du se voir deux fois en deux ans. C’est chez elle que je profite de mes vacances.

En pleine campagne, loin de la ville. Je n’aime pas ça. J’ai besoin de bouger moi ! D’aller en soirée, de me vider l’esprit, n’est-ce pas le but des vacances, finalement ? J’ai horreur de la campagne. J’en bouffe toute l’année.
Moi j’aime Paris, j’aime la pollution, le stress, me sentir oppressé dans le métro. Je n’y vais que trop rarement.

M’enfin me voilà là. Nous sommes début Août. Qu’est ce je m’ennuie. Mon copain ne me parle que le soir, sur l’ordi. Il ne répond même pas à mes SMS.

Ludo me renvoie des messages. Il sait où je suis, je lui avais dit. Je lui réponds, bêtement.

Evidemment, il m’invite implicitement à passer le voir. Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas fou. Je sais qu’il n’y a rien de possible entre nous.

Il m’invite Vendredi, le 5. C’est le jour de mes 16 ans. Drôle d’idée de sortie pour un anniversaire.

Je négocie avec la vieille pour aller à Carpentras. Je dois passer par ma mère, fais chier. Je n’ai aucune envie qu’elle se mêle de cette histoire. Elle partirait en furie au quart de seconde sans même savoir les circonstances. Dans le fond, ma sœur partirait en furie aussi.

Peu importe, je l’appelle. « Un vieux copain d’enfance », lui dis-je. Quelle vieille excuse, il a 32 ans !

Dans l’inquiétude la plus totale de me savoir en ville, avec un inconnu, elle accepte tout de même. J’ai gagné. Mais j’ai gagné quoi au fait ?

La veille est en quelques sortes une remise totale en question, je préviens mon copain que je vois un vieux. Sans aller dans les détails. Jaloux, il me promet de m’agresser de messages. Je lui dis de ne pas s’inquiéter, je suis prévenu.

Réveil. J’ai 16 ans. En descendant de ma chambre, je sens péniblement l’ambiance monter. « Bon anniversaire mon grand ! », me disent-ils tous. C’est vrai que je ne réalise pas encore, mais j’ai 16 ans.

L’ambiance festive contraste avec la soirée qui m’attend. Je reste souriant, c’est mon anniversaire, tout de même ! J’ai 16 ans.

Ludy m’appelle en début d’après-midi, elle sait que je vais le voir. Elle ne me dit rien, mais je sais qu’elle est anxieuse. Elle a confiance en moi, je pense.

C’est parti. C’est la vieille qui m’emmène. Elle aussi est inquiète. Décidemment ! Qu’ai-je fait de si mal, déjà ?

Il faut toujours que je me mette des gens à dos, ou dans l’embarras, pour avoir ce que je veux, qu’est-ce que c’est pénible !

On se retrouve sur un parking. Il ressemble exactement à la photo, il ne fait vraiment pas son âge, c’est drôle. Scène atypique. Obligés de simuler des retrouvailles d’anciens amis devant la vieille pour se voir.

Il est finalement le même en vrai. Hormis son accent du sud dont j’ai horreur ! J’ai toujours l’impression que les gens avec un accent le font exprès, juste pour emmerder le monde.

Il m’emmène au resto. Très bien. Je réponds encore à mon copain, mais l’envie n’y est pas. Il est intrigant, comme type. J’ai du mal à savoir ce qu’il veut. J’ai déjà mis les choses au clair de toute façon, ce soir, je repars.

Cette soirée reste pour l’instant un bon moment, on rigole, ça reste soft et un bon diner, et au passage ce n’est pas moi qui paye. Il peut au moins faire ça.

Sur le chemin, il me ramène, mais avant, il s’arrête. Comme dans les films, quand l’un des personnages doit avouer quelque chose d’ultra important. Ça ne me fait pas peur. J’ai arrêté de répondre à mon copain depuis un moment.

Il se penche et m’embrasse, soudainement. Je ne sais pas si j’ai eu le temps de comprendre ce qui se passait. Et je ne dis rien. Et ça continue. Il m’a eu. Mon dieu, je suis perdu. Il m’a très bien cerné, il avait compris mieux que moi ce que j’attendais.

Je me suis livré, il peut se permettre, désormais. J’ère comme une bête sans défense, ça n’en finit plus. Mon aventure sexuelle commence là. Je croyais que le sexe était avant tout une partie de plaisir.

 

« Je me sens si seul, dans ce brouillard, comme en danger, perdu cette nuit. »[1]

 

Il me ramène finalement, je m’en vais sans me retourner.

Je retrouve la vieille, je vois dans son regard qu’elle a compris. Je ne peux pas m’empêcher de trembler. Je ne dis plus rien, je réponds seulement à mon copain. Je vais me coucher.

Le simple fait de voir ma sœur connectée sur MSN me fait fondre en larmes. J’ai fait le con, je suis taré. J’ai laissé passer ça. J’ai laissé passer ce qu’on combat.

Je me sens sale, et surtout fou.

Joyeux Anniversaire, L. Tu as 16 ans.



[1] BB Brunes – Perdus cette nuit

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[L.C]
  • Voici ma première autobiographie. Je veux montrer qu'il n'est pas nécessaire d'avoir la cinquantaine, ou d'avoir fait la guerre, pour avoir du recul, sur son existence. L'important est de commencer, par le commencement.
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